Évocation vestimentaire.
Pour ce que j'ai pu en comprendre et en l'état de mes
recherches: un costume de personnage rustre et rural, éleveur ou cultivateur,
ne change que peu du début XIIe jusqu'au XIIIe siècle inclus. Il est possible
d'en faire varier les accessoires afin de lui faire éventuellement représenter
une région plus précisément. Chose que je n'ai pas fait, afin de rester assez
généraliste. Il est à noter que certains accessoires vestimentaires, comme la cale, le chaperon, dans certaines de leurs formes, ainsi que les manches dépassées, seront représentatifs du XIIIe siècle bien affirmé, voire du mitan du siècle.
Couches
Les vêtements seront ici nommés suivant la méthode dite dans
l’ordre des couches, la première couche est celle qui touche la peau. (L’image
1 montre les couches 2 et 3 remontées, de façon à appréhender leur ordre.)
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1 |
Un « patron » ?
Nous avons décidé d’utiliser la forme en trapèze pour
l’évocation des vêtements, ce qui facilite grandement, avec l’utilisation des
godets, l’effet « jupe plissée » qui reste une des
caractéristiques fortes des vêtements de ce siècle, avec l’ampleur et la forme
de manches, surtout autour des avant-bras.
Nous n’utilisons pas de patrons pour découper nos tissus.
Tout commence par la prise de mesures, que nous reportons en traçant
directement sur le tissu.
Couture
N’ayant absolument aucune contrainte de rentabilité et
aimant particulièrement le contact physique avec les tissus, nous avons donc
décidé d’absolument tout coudre à la main. C’est un choix qui a de multiples
raisons, notamment de pouvoir bénéficier d’un tombé que des coutures machines
n’atteindront jamais, surtout dans les draps et toiles que nous utilisons. Même
en réalisant machine les coutures qui ne se voient pas une fois la pièce finie
et les autres coutures à la main, suivant le tissu, nous avons constaté que
l’on n’atteint pas le même résultat. La plupart des coutures sont faites avec
du fil de lin, sinon du fil de laine. Les aiguilles employées sont des
aiguilles modernes, faute de trouver des copies acceptables
(utilisables !) de pièces de fouille. Un test a été réalisé avec une
aiguille en os et du fil de laine, qui donne un résultat particulièrement
satisfaisant, même si, à notre connaissance, les coutures retrouvées sur pièces
de fouille sont essentiellement faites avec du fil de lin.
Les points les plus utilisés sont le point avant et le point
arrière. Le type de couture est essentiellement la couture dite
« religieuse » ou « retournée ».
Les godets sont à tête froncée devant et derrière, avec fausses
ou vraies coutures au centre des godets.
Il n’a été constaté aucun besoin de faire des goussets.
Notes diverses :
Il a été considéré des lés moyens de 110 cm.
Diamètre couche une et deux à l'ourlet : 329 cm
Coutures des dessus d'épaule légèrement déportées vers
l'arrière, sur les trois couches.
Aucune couche n'est doublée.
La longueur et la taille des manches des couches une et deux
ont été étudiées et faites sur mesure afin de pouvoir être retroussées ensemble
et de tenir ainsi, sans retomber.
Cols avec amigauts donnant juste la place de passer la tête,
le plus possible ras du cou une fois fermés.
Un fermail métallique a été choisi pour les fermer car le
statut le permet.
Le motif que crée le laçage des bandes molletières est en
cours d'expérimentation.
Un métier Inkle loom a été utilisé pour utiliser les
tissages au peigne, par simple commodité.
Tissus
Il est particulièrement complexe d’avoir accès à des
reproductions de tissus pouvant s’approcher fidèlement des tissus qui pouvaient
être contemporains de l’époque qui nous intéresse, si elles existent !
Afin de nous en approcher le plus possible en respectant nos
budgets de réalisation, nous avons
utilisé de la toile de lin, du drap de laine en armure toile et
sergé. Les tissus sont soit de couleur
naturelle non teintée, soit dans une teinture non saturée ou une teinte qui
s’en approche le plus visuellement.
Costume masculin :
–
Une chemise de toile de lin moyennement fine de
teinte naturelle. Ce « patron » sera utilisé pour l’ensemble des
réalisations proposées ici. (Les images 3 et 4 présentent, respectivement, les
détails de couture d’un dessous de bras et du godet de devant.)
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3 |
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4 |
–
Accroché à celui-ci : un couteau à chasser ou
travailler les peaux, manche en os, ainsi qu'une bourse de cuir contenant un
briquet, amadou, silex… et trois dés à jouer (faut bien passer le temps !)
Et un bâton à compter. (images 7 et 8)
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7 |
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8 |
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12 |
– Une cotte, ou robe, de drap de laine teintée avec un cul de fosse de teinturier (la photographie 10 permet de noter la jupe qui se plisse grâce aux godets. 11 donne un détail du godet de devant, à noter la tête plissée ainsi que la couture centrale, favorisant le tombé plissé. 12 montre la couture d’épaule déportée vers l’arrière, qui permet au vêtement de rester parfaitement en place.)
–
Une ceinture de laine tissée au peigne,
identique au braïel. Laines de couleurs naturelles non teintées. (Cette
ceinture est identique au braïel de la photographie 6 et à la ceinture de
Mahaut en 23)
–
Une paire de chausses en drap de laine, teinture
ocre foncé avec jarretières en cordon de laine tressée aux doigts.
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13 |
–
Une paire de chaussures de cuir à lacets ainsi
qu'une paire de socques en bois et cuir afin de garder les pieds au sec par
temps de pluie. (photographies 13 et 19 pour les chaussures et les socques, ces
deux accessoires n’étant pas sexués)
Couche trois :
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14 |
– Un vêtement de travail avec capuche de drap de laine en armure sergée, laines blanches et noires non teintées. (14)
Accessoires vestimentaires :
–
Un bonnet en Naalbinding, laine naturellement
blanche
–
Un fermail en métal ferreux forgé
Accessoires professionnels :
–
Un bâton de marche
–
Une houlette
–
Un sac d'épaule en toile de lin
–
Des forces pour tondre les moutons
–
Bandes molletières en laine tissées au peigne.
Laines de couleurs naturelles non teintées. (La photographie 13 les montre
portées. Les laines de la ceinture, du braïel et des bandes molletières sont
identiques.)
–
Une petite flûte en os de renard
–
Une flûte en bois
–
De petites forces
–
Un panier en osier
–
Un bout de bougie en cire d'abeille
–
Un petit couteau effilé à soie traversante
(outil)
–
Quelques petites peaux tannées de lapin et de
chevreau
Costume féminin :
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16 |

17

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18 |
(Les photographies 20, 21 et 22 permettent de le vérifier,
on notera tout de même que les coutures différent suivant l’épaisseur des
laines)
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19 |
Il est possible, par grand froid, de porter une accumulation
de vêtements.(photographie 19, on aperçoit en bas, la chemise, ensuite, l’une
sur l’autre, deux robes de laine.)
Sa tête sera toujours couverte afin de cacher ses cheveux.
De plus, Mahaut n’ayant ni braies ni braïel, elle portera
les ustensiles dont elle pourrait avoir besoin lors de se activités diverses,
dans un panier d’osier. (Photographie 25)
Ces costumes ne sont en aucun cas figés, voici – entre autres – les éléments qui viendront se rajouter :
–
Un petit "filet - bourse" pour Jehan.
–
Une gourde-tonneau en terre.
–
Un arc et des flèches.
–
Les chemises seront refaites en chanvre, toile
très répandue dans certaines régions des pays de Loire.
–
Un manteau masculin de voyage contre le froid et
la pluie des hivers.
–
Une couche deux en drap de laine teintée bleu
guède pour Mahaut
–
Un chaperon de toile e chanvre fourré de peau de
mouton pour les hivers.
–
Une paire de gants pour l’hiver, pour Jehan.
–
Un métier à tisser vertical à pesons pour Mahaut.
–
Des outils pour travailler la terre : Une
houe pour préparer la terre avant les semis, une bêche pour couper les mottes
ou retourner en profondeur, un râteau à dents de fer pour finaliser les semis
ou émotter la terre.
–
Une serpe, sorte d’outil-à-tout-faire que Jehan
pourra utiliser pendant ses déplacements.
Et j’apprendrai à jouer correctement de la flûte... ;)
Artisans ayant reproduits des accessoires
Nous vous les recommandons chaleureusement !
–
Chaussures faites par J.P./petit ewok.
–
Forces, couteau et fermail faits par le forgeron
Yves Schmitz.
Bibliographie
Entre autre …
-Histoire de la France rurale, Tome 1. Sous la direction de
G.Duby. , Seuil, 1980.
-Le Foyer de la maison Paysanne (XIe-XVe siècles), Pesez
Jean-Marie, Archéologie Médiévale Num.XVI, 1986.
-Archéologie de la maison paysanne. Pesez Jean-Marie. In:
Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement
supérieur public. 21e congrès, Caen, 1990. pp. 181-192.
-Lexique historique du Moyen-âge, René Fédou, Armand Collin,
1996
-La société dans le comté de Vendôme de l’an mil au XIVe
siècle, D. Barthélémy, Fayard, 1993.
-La chevalerie : De la Germanie antique à la France du XIIe
siècle , D. Barthélémy, Fayard, 2007.
-Archéo-iconographie du puits au Moyen Âge (XIIe-XVIe siècle).
Alexandre-Bidon Danièle. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-âge,
Temps modernes T. 104, N°2. 1992. pp. 519-543.
-Changements dans la productivité lainière au Moyen Âge. Endrei
Walter. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 26e année, N. 6, 1971.
pp. 1291-1299.
-L’organisation de l’élevage ovin d’après le traité de Jean
de Brie et l’iconographie médiévale 2011, p. 47-53
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