mercredi 13 novembre 2013

Evocation de costumes du XIIIe siècle, travaux de 2013

Évocation vestimentaire.

Pour ce que j'ai pu en comprendre et en l'état de mes recherches: un costume de personnage rustre et rural, éleveur ou cultivateur, ne change que peu du début XIIe jusqu'au XIIIe siècle inclus. Il est possible d'en faire varier les accessoires afin de lui faire éventuellement représenter une région plus précisément. Chose que je n'ai pas fait, afin de rester assez généraliste. Il est à noter que certains accessoires vestimentaires, comme la cale, le chaperon, dans certaines de leurs formes, ainsi que les manches dépassées, seront représentatifs du XIIIe siècle bien affirmé, voire du mitan du siècle.

Couches

Les vêtements seront ici nommés suivant la méthode dite dans l’ordre des couches, la première couche est celle qui touche la peau. (L’image 1 montre les couches 2 et 3 remontées, de façon à appréhender leur ordre.)

1

Un « patron » ?

Nous avons décidé d’utiliser la forme en trapèze pour l’évocation des vêtements, ce qui facilite grandement, avec l’utilisation des godets, l’effet « jupe plissée » qui reste une des caractéristiques fortes des vêtements de ce siècle, avec l’ampleur et la forme de manches, surtout autour des avant-bras.
Nous n’utilisons pas de patrons pour découper nos tissus. Tout commence par la prise de mesures, que nous reportons en traçant directement sur le tissu.

Couture

N’ayant absolument aucune contrainte de rentabilité et aimant particulièrement le contact physique avec les tissus, nous avons donc décidé d’absolument tout coudre à la main. C’est un choix qui a de multiples raisons, notamment de pouvoir bénéficier d’un tombé que des coutures machines n’atteindront jamais, surtout dans les draps et toiles que nous utilisons. Même en réalisant machine les coutures qui ne se voient pas une fois la pièce finie et les autres coutures à la main, suivant le tissu, nous avons constaté que l’on n’atteint pas le même résultat. La plupart des coutures sont faites avec du fil de lin, sinon du fil de laine. Les aiguilles employées sont des aiguilles modernes, faute de trouver des copies acceptables (utilisables !) de pièces de fouille. Un test a été réalisé avec une aiguille en os et du fil de laine, qui donne un résultat particulièrement satisfaisant, même si, à notre connaissance, les coutures retrouvées sur pièces de fouille sont essentiellement faites avec du fil de lin.
Les points les plus utilisés sont le point avant et le point arrière. Le type de couture est essentiellement la couture dite « religieuse » ou « retournée ».
Les godets sont à tête froncée devant et derrière, avec fausses ou vraies coutures au centre des godets.
Il n’a été constaté aucun besoin de faire des goussets.

Notes diverses :

Il a été considéré des lés moyens de 110 cm.
Diamètre couche une et deux à l'ourlet : 329 cm
Coutures des dessus d'épaule légèrement déportées vers l'arrière, sur les trois couches.
Aucune couche n'est doublée.
La longueur et la taille des manches des couches une et deux ont été étudiées et faites sur mesure afin de pouvoir être retroussées ensemble et de tenir ainsi, sans retomber.
Cols avec amigauts donnant juste la place de passer la tête, le plus possible ras du cou une fois fermés.
Un fermail métallique a été choisi pour les fermer car le statut le permet.
Le motif que crée le laçage des bandes molletières est en cours d'expérimentation.
Un métier Inkle loom a été utilisé pour utiliser les tissages au peigne, par simple commodité.

Tissus

Il est particulièrement complexe d’avoir accès à des reproductions de tissus pouvant s’approcher fidèlement des tissus qui pouvaient être contemporains de l’époque qui nous intéresse, si elles existent !
Afin de nous en approcher le plus possible en respectant nos budgets de réalisation, nous avons  utilisé de la toile de lin, du drap de laine en armure toile et sergé.  Les tissus sont soit de couleur naturelle non teintée, soit dans une teinture non saturée ou une teinte qui s’en approche le plus visuellement.

Costume masculin : 

 

Couche Une :

2

 

        Une chemise de toile de lin moyennement fine de teinte naturelle. Ce « patron » sera utilisé pour l’ensemble des réalisations proposées ici. (Les images 3 et 4 présentent, respectivement, les détails de couture d’un dessous de bras et du godet de devant.)
3

4
        Des braies de toile de lin moyennement fine de teinte naturelle. (5)
5
        Un braïel de laine tissée au peigne, laines naturellement brunes ou blanches.(6)
6
        Accroché à celui-ci : un couteau à chasser ou travailler les peaux, manche en os, ainsi qu'une bourse de cuir contenant un briquet, amadou, silex… et trois dés à jouer (faut bien passer le temps !) Et un bâton à compter. (images 7 et 8)
7

8
        Des chaussettes en naalbinding, laine naturellement blanche. (9)
9

Couche deux:

10

 
11

 
12


        Une cotte, ou robe, de drap de laine teintée avec un cul de fosse de teinturier (la photographie 10 permet de noter la jupe qui se plisse grâce aux godets. 11 donne un détail du godet de devant, à noter la tête plissée ainsi que la couture centrale, favorisant le tombé plissé. 12 montre la couture d’épaule déportée vers l’arrière, qui permet au vêtement de rester parfaitement en place.)
        Une ceinture de laine tissée au peigne, identique au braïel. Laines de couleurs naturelles non teintées. (Cette ceinture est identique au braïel de la photographie 6 et à la ceinture de Mahaut en 23)
        Une paire de chausses en drap de laine, teinture ocre foncé avec jarretières en cordon de laine tressée aux doigts.

13
        Une paire de chaussures de cuir à lacets ainsi qu'une paire de socques en bois et cuir afin de garder les pieds au sec par temps de pluie. (photographies 13 et 19 pour les chaussures et les socques, ces deux accessoires n’étant pas sexués)

Couche trois :

 
14

        Un vêtement de travail avec capuche de drap de laine en armure sergée, laines blanches et noires non teintées. (14)

Accessoires vestimentaires :

        Un bonnet en Naalbinding, laine naturellement blanche
        Un fermail en métal ferreux forgé

Accessoires professionnels :

        Un bâton de marche
        Une houlette
        Un sac d'épaule en toile de lin
        Des forces pour tondre les moutons
        Bandes molletières en laine tissées au peigne. Laines de couleurs naturelles non teintées. (La photographie 13 les montre portées. Les laines de la ceinture, du braïel et des bandes molletières sont identiques.)

 
15

Accessoires divers :

        Une petite flûte en os de renard
        Une flûte en bois
        De petites forces
        Un panier en osier
        Un bout de bougie en cire d'abeille
        Un petit couteau effilé à soie traversante (outil)
        Quelques petites peaux tannées de lapin et de chevreau


Costume féminin :

16

 
17


18
Mis à part les longueurs, les costumes sont identiques sauf en ce qui concerne la couche trois, car Mahaut porte un manteau de coupe rectangulaire en sergé de trois laines. (Photographie 18)
(Les photographies 20, 21 et 22 permettent de le vérifier, on notera tout de même que les coutures différent suivant l’épaisseur des laines)
19
Il est possible, par grand froid, de porter une accumulation de vêtements.(photographie 19, on aperçoit en bas, la chemise, ensuite, l’une sur l’autre, deux robes de laine.)
Sa tête sera toujours couverte afin de cacher ses cheveux.
De plus, Mahaut n’ayant ni braies ni braïel, elle portera les ustensiles dont elle pourrait avoir besoin lors de se activités diverses, dans un panier d’osier. (Photographie 25)

20
21
22
23
24
25

Ces costumes ne sont en aucun cas figés, voici – entre autres – les éléments qui viendront se rajouter :

        Un petit "filet - bourse" pour  Jehan.
        Une gourde-tonneau en terre.
        Un arc et des flèches.
        Les chemises seront refaites en chanvre, toile très répandue dans certaines régions des pays de Loire.
        Un manteau masculin de voyage contre le froid et la pluie des hivers.
        Une couche deux en drap de laine teintée bleu guède pour Mahaut
        Un chaperon de toile e chanvre fourré de peau de mouton pour les hivers.
        Une paire de gants pour l’hiver, pour Jehan.
        Un métier à tisser vertical à pesons pour Mahaut.
        Des outils pour travailler la terre : Une houe pour préparer la terre avant les semis, une bêche pour couper les mottes ou retourner en profondeur, un râteau à dents de fer pour finaliser les semis ou émotter la terre.
        Une serpe, sorte d’outil-à-tout-faire que Jehan pourra utiliser pendant ses déplacements.
Et j’apprendrai à jouer correctement de la flûte... ;)

Artisans ayant reproduits des accessoires

Nous vous les recommandons chaleureusement !
        Chaussures faites par J.P./petit ewok. 
        Forces, couteau et fermail faits par le forgeron Yves Schmitz. 

Bibliographie

Entre autre …
-Histoire de la France rurale, Tome 1. Sous la direction de G.Duby. , Seuil, 1980.
-Le Foyer de la maison Paysanne (XIe-XVe siècles), Pesez Jean-Marie, Archéologie Médiévale Num.XVI, 1986.
-Archéologie de la maison paysanne. Pesez Jean-Marie. In: Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public. 21e congrès, Caen, 1990. pp. 181-192.
-Lexique historique du Moyen-âge, René Fédou, Armand Collin, 1996
-La société dans le comté de Vendôme de l’an mil au XIVe siècle, D. Barthélémy, Fayard, 1993.
-La chevalerie : De la Germanie antique à la France du XIIe siècle , D. Barthélémy, Fayard, 2007.
-Archéo-iconographie du puits au Moyen Âge (XIIe-XVIe siècle). Alexandre-Bidon Danièle. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-âge, Temps modernes T. 104, N°2. 1992. pp. 519-543.
-Changements dans la productivité lainière au Moyen Âge. Endrei Walter. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 26e année, N. 6, 1971. pp. 1291-1299.
-L’organisation de l’élevage ovin d’après le traité de Jean de Brie et l’iconographie médiévale 2011, p. 47-53



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